La Réconciliation

11/04/2025

La Réconciliation

Que se cache-t-il derrière les cinq syllabes  de ce mot qui vient clore la série que nous avons inaugurée depuis six semaines déjà ? Voyons un peu de quoi il est composé : « ré »/ « re » signifie « de nouveau » : dans « conciliation », il y a donc l’idée d’un retour à une situation antérieure. Il s’agit de retrouver une harmonie ou une unité brisée, détruite.

« concilier » (du latin conciliare), c’est unir, réunir, mettre d’accord … On reconnaît le substantif « concile » qui désigne une assemblée et particulièrement l’assemblée des évêques du monde entier qui, par-delà la diversité, cherchent à dégager une unité dans ce grand corps que constitue l’Eglise. À l’échelle individuelle, se réconcilier, c’est retrouver le lien qui avait été rompu entre moi et un ou une autre.  C’est réassembler, ce qui avait été séparé. La première syllabe de « concilier » nous rappelle le « cum » latin : avec. Je ne me réconcilie pas tout seul … sauf peut-être quand je suis devenu étranger à moi-même, quand j’ai échoué à unifier ma vie, quand j’ai l’impression de ne plus pouvoir m’aimer. Cette réconciliation avec soi-même est importante mais c’est plus fréquemment des rapports que l’on entretient (ou que l’on n’entretient plus) avec autrui qu’il est question lorsqu’on parle de se réconcilier. Si je reste dans mon cocon, dans le confort de mon égo, la rencontre est impossible.

Enfin, le suffixe « ation » désigne un processus, un mouvement. Pour vivre la réconciliation, je ne peux pas rester immobile, camper sur mes positions, attendre que ce soit simplement l’autre qui fasse le premier pas. La réconciliation m’invite à me sortir de moi-même, à me bouger. La phrase choisie pour nous accompagner tout au long de ce carême dit bien cette dimension mobilisatrice de la réconciliation : « Je me lèverai et j’irai vers mon Père ». On retrouve la même idée de mouvement dans l’Evangile de Matthieu (5, 23-25) : « … si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande … va d’abord te réconcilier avec ton frère … Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin … »

Alors, oui, méditer sur le chemin du carême qui nous conduit vers Pâques, c’est aussi l’occasion de nous laisser inviter à marcher en direction de nos frères, en direction de ceux avec qui nous sommes brouillés, de ceux que nous n’arrivons plus à aimer … Il y a tant à réparer ou à reconstruire !

Parfois, la réconciliation, c’est aussi la réconciliation avec Dieu lui-même mais son amour inconditionnel nous fait comprendre qu’il a toujours déjà fait le premier pas. Nous pouvons certes partir à sa rencontre mais, en réalité, il est déjà là, il ne nous a jamais abandonné. Il s’agit alors d’entrer dans une disposition qui nous permette de nous tourner vers Lui, d’ouvrir notre cœur et, comme l’écrit Saint Paul dans sa deuxième épitre aux Corinthiens de nous laisser réconcilier avec Lui.

 

M. Christophe LE ROUX de l’équipe pastorale

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